Journal : 1973-1982

OATES Joyce Carol

Plus de cinq cents pages serrées pour ce journal de dix années pendant lesquelles Joyce Carol Oates parvient à la quarantaine. Elle enseigne près de Détroit, puis à Princeton, et ce contact avec les étudiants, le jaillissement qui vient alimenter ses cours sont un bonheur, une surprise renouvelés. Surtout, elle écrit, romans, nouvelles, poèmes, captive d’une créativité qui devient, dit-elle, « vampirique » : ses personnages vivants, têtus, respirent avec elle, l’habitent sans répit. On suit pas à pas la construction de son oeuvre et son interrogation sur elle-même, inlassable. Comment sommes-nous constitués ? Qui y a- t-il derrière les masques nécessaires à la vie sociale ? La conscience n’est qu’une petite partie de l’être, les rêves ouvrant, parfois, l’accès aux profondeurs. Une expérience mystique, une période anorexique sont loin derrière elle, maintenant elle poursuit sa quête à travers l’écriture, la musique et un quotidien heureux auprès d’un mari sensible et tendre, dans une nature dont la beauté la comble. Pas d’événements extérieurs, rien que ses échanges avec des amis, écrivains pour la plupart, la fréquentation des auteurs, Joyce, Woolf, Kafka… Narcissique, répétitif ? Non. La sincérité ardente, l’ampleur de la réflexion, la justesse des mots retiennent.