Plus de cinq cents pages serrĂ©es pour ce journal de dix annĂ©es pendant lesquelles Joyce Carol Oates parvient Ă la quarantaine. Elle enseigne prĂšs de DĂ©troit, puis Ă Princeton, et ce contact avec les Ă©tudiants, le jaillissement qui vient alimenter ses cours sont un bonheur, une surprise renouvelĂ©s. Surtout, elle Ă©crit, romans, nouvelles, poĂšmes, captive dâune crĂ©ativitĂ© qui devient, dit-elle, « vampirique » : ses personnages vivants, tĂȘtus, respirent avec elle, lâhabitent sans rĂ©pit. On suit pas Ă pas la construction de son oeuvre et son interrogation sur elle-mĂȘme, inlassable. Comment sommes-nous constituĂ©s ? Qui y a- t-il derriĂšre les masques nĂ©cessaires Ă la vie sociale ? La conscience nâest quâune petite partie de lâĂȘtre, les rĂȘves ouvrant, parfois, lâaccĂšs aux profondeurs. Une expĂ©rience mystique, une pĂ©riode anorexique sont loin derriĂšre elle, maintenant elle poursuit sa quĂȘte Ă travers lâĂ©criture, la musique et un quotidien heureux auprĂšs dâun mari sensible et tendre, dans une nature dont la beautĂ© la comble. Pas dâĂ©vĂ©nements extĂ©rieurs, rien que ses Ă©changes avec des amis, Ă©crivains pour la plupart, la frĂ©quentation des auteurs, Joyce, Woolf, Kafka⊠Narcissique, rĂ©pĂ©titif ? Non. La sincĂ©ritĂ© ardente, lâampleur de la rĂ©flexion, la justesse des mots retiennent.
Journal : 1973-1982
OATES Joyce Carol