Imre Kertész, Prix Nobel de littérature 2002, publie son Journal tenu entre 1961 et 1991. Au fil de ces textes courts qui contiennent peu d’éléments biographiques, il livre ses réflexions sur le métier d’écrivain, le pouvoir, la liberté, la condition humaine, la mort. Sa connaissance de la littérature est universelle et il n’exclut aucun genre : il se réfère à Dante ou Shakespeare tout comme à Proust, Flaubert ou Agrippa d’Aubigné. Dans sa quête ontologique il dialogue avec Nietzsche, Freud ou Hannah Harendt et bien d’autres. On le sait marqué à jamais par l’Holocauste, « Auschwitz parle par moi » et le thème s’inscrit ici en filigrane comme dans les trois nouvelles : Le Drapeau anglais suivi de Le Chercheur de traces et de Procès-verbal (NB avril 2005). L’auteur révèle la souffrance et le désarroi d’une vie partagée entre déportation et totalitarisme où se glissent, comme par effraction, quelques rares éclairs de bonheur. L’homme est complexe, son langage parfois énigmatique et cependant, à condition de le lire à petites doses, on prend plaisir à se familiariser avec sa pensée – si pessimiste soit-elle – et d’y puiser matière à méditer…
Journal de galère
KERTÉSZ Imre