C’est un Ă©trange cadeau post-mortem que le notaire remet Ă Lison, artiste peintre. Une pile de cahiers oĂč son pĂšre raconte, de septembre 1936 Ă octobre 2010 (date de sa mort Ă quatre-vingt-sept ans), le quotidien de son corps, « son compagnon de route, sa machine Ă ĂȘtre ». Le but avouĂ© du diariste est de rompre le silence qui, aujourdâhui encore, pĂšse sur « les rapports que l’esprit entretient avec ce sac Ă surprises et pompe Ă dĂ©jections »… Un rapide coup dâoeil Ă l’index qui clĂŽt le livre montre que le registre des manifestations physiques dĂ©crites et analysĂ©es par le narrateur est aussi vaste qu’hĂ©tĂ©roclite. Ainsi Maquillage cĂŽtoie MĂ©moire et Masturbation tandis que PiqĂ»res d’ortie prĂ©cĂšde, de peu, Poils et Prostate. TantĂŽt goguenard et caustique, tantĂŽt trĂšs Ă©mouvant et humain ou affichant parfois une distanciation quasi mĂ©dicale, il se livre Ă une sĂ©rie d’Ă©chographies d’un corps dans tous ses Ă©tats. L’Ă©criture fluide et sensuelle de Daniel Pennac (Chagrin d’Ă©cole, N.B novembre 2007) se glisse avec aisance dans ce corps Ă corps. Un rĂ©cit Ă la fois sĂ©rieux et loufoque qui dĂ©concerte sans dĂ©plaisir et conforte avec son rĂ©alisme bon enfant. Un roman original.
Journal d’un corps
PENNAC Daniel