Michel Ragon n’a jamais souhaité devenir critique d’art. Mais insensiblement son attirance pour les beaux-arts et le hasard de ses amitiés avec des artistes font de lui un spécialiste de l’art abstrait. Longtemps, il mène de front, sans jamais les faire se chevaucher, son activité de romancier et essayiste littéraire (Ils se croyaient illustres et immortels, NB avril 2011), et celle de critique d’art contemporain. Le journal qu’il tient entre 2009 et 2011 est le prétexte à se souvenir de son parcours et des cercles artistiques qu’il a fréquentés pendant plus d’un demi-siècle : peintres, sculpteurs, collectionneurs, galeristes, critiques, conservateurs de musée. Ce sont les notes personnelles d’un passionné, souvent brèves et allusives, sur lesquelles un lecteur profane est tenté de passer très vite. Quelques chroniques plus développées consacrées à Klein, Schöffer, Soulages, aux chantiers architecturaux présidentiels ou à la chapelle de Le Corbusier à Ronchamp, retiennent mieux l’attention. Le style est alerte, affectif, avec coups de patte et règlements de compte feutrés.
Journal d’un critique d’art désabusé
RAGON Michel