« C’est un fait que les trajets portent souvent à reconsidérer le dessin de sa vie » ; Donovan n’y échappe pas quand, ce jour là, il s’installe au volant de sa voiture, pour retourner voir Tom Lee dans son lointain ranch solitaire. Favorisées par le mouvement régulier du moteur, sur la longue route américaine, « des bouffées de passé » refluent à sa mémoire : le Campus où Tom et lui se sont connus et ont interminablement discuté, rejoints parfois par quelques étudiants ; les « filles » dont, indécis, ils s’entretenaient. Puis des bribes de leurs échecs amoureux et de leurs mutuelles tentatives d’écriture.
Christine Montalbetti ne raconte pas vraiment une histoire, mais recompose les arrière-plans fondateurs de personnalités que le hasard a réunies. De digressions en apartés, elle multiplie les angles d’approche d’un récit qui prend perpétuellement la tangente avec de somptueux arrêts sur images (subtiles variations sur la nuit qui tombe sur les formes anthropomorphes de la montagne…). Ses interventions ironiques et familières donnent à l’ensemble un ton réjouissant. Mais ce qui enchante surtout, c’est la magie de son écriture très remarquée dans ses précédents livres (cf. Western, NB avril 2005).