Un cri de détresse, poussé par un adolescent de quatorze ans, tel est le sujet du nouvel opus de Florian Zeller, prix Interallié pour La Fascination du pire (NB octobre 2004). Une mère adorée, en pleine et inacceptable réinsertion conjugale, déclenche son indicible souffrance. Alors Julien enchaîne des comportements provocateurs poussés à l’extrême : cancre volontaire, voleur, fugueur dans Paris la nuit avec, pour conséquence, le pensionnat abhorré. Père mythifié, vantardises, poursuite éperdue d’une Mathilde qui se dérobe sont la traduction de son désespoir et la source de son inspiration. Car il sera un écrivain reconnu, pense-t-il ; il aime la littérature et son enseignante, son roman éponyme sera son miroir et son exutoire. Malgré quelques outrances, longueurs et hasards improbables… cet ouvrage sensible, bien construit, analyse avec finesse, justesse, humour, les états d’âme, les émois du coeur et du corps d’un adolescent narcissique et habité de chimères, en mal d’amour. L’emploi du “je”, soulignerait-il des souvenirs personnels ? Très contemporains, écriture, rythme nous font partager pleinement les naïvetés et les espérances de ce jeune homme aux si fugaces et intenses moments de bonheur.
Julien Parme
ZELLER Florian