Une visite dans la jungle, ça vous tente? L’explorateur que l’on suit dans ses découvertes a la tenue idoine, façon colon britannique. Il s’émerveille de ce qu’il voit, fait ou goûte – mais l’expérience est d’abord douce, puis amère. Le caméléon mord, le bain de soleil se termine sous la douche tropicale, le mignon bébé jaguar a une mère possessive, le crocodile se cache traîtreusement sous la surface idyllique de l’eau. Il est nécessaire d’aménager la jungle afin d’en faire un espace -enfin- paradisiaque.
La construction en deux temps est drôle, permettant, dès que l’on a compris le principe (simple), d’introduire un petit suspense et d’imaginer l’avanie qui attend l’explorateur trop confiant. Les dessins, qui prédominent (le texte est lapidaire), revisitent la forêt tropicale à leur guise, notamment au niveau des couleurs, inventives et personnelles : c’est un festival pop de rose et de rouge ! Le fouillis de la nature sauvage est bien là, accentué par la juxtapositions de techniques (ou d’aspects) différents: crayon, pastel gras, aplats, etc. L’histoire permet de comprendre à la fois l’essor des jardins botaniques et la destruction des forêts vierges… Savoureux.