Lâhomme est tenace et sans Ă©tats dâĂąme, les yeux rivĂ©s sur ses cartes, ancrĂ© dans sa certitude : il existe un passage qui, en partant de lâouest, permet de revenir par lâest, ainsi la boucle seraitâelle bouclĂ©e : la Terre est bien ronde et on peut en faire le tour ! Comme ceux de Corneille, ils partirent une multitude et revinrent une poignĂ©e, sans mĂȘme Magellan qui avait connu, voire choisi, une autre maniĂšre dâentrer dans lâhistoire. Rien ne fĂ»t Ă©pargnĂ© Ă cette expĂ©dition inĂ©dite : la colĂšre des hommes et celle des Ă©lĂ©ments, la peur, le doute, la faim, la trahisonâŠ
Le Portugais, passĂ© au service de Charles Quint lâEspagnol, est mal connu et mal aimĂ©. Il passe pour traĂźtre et corrompu et connaĂźt dâĂ©normes difficultĂ©s pour monter son expĂ©dition. Sur les navires, il faut faire rĂ©gner une discipline de fer et imposer Ă tous des privations et des conditions de vie quasi inhumaines. Tout cela est trĂšs bien rendu par le trait du dessinateur, particuliĂšrement grĂące Ă sa maniĂšre de cerner les visages avec insistance. Les couleurs aussi sont Ă©vocatrices des ambiances. Le texte, assez dense, est absolument nĂ©cessaire pour suivre les pĂ©ripĂ©ties de ces annĂ©es de navigation, dans le huis clos qui rĂ©sulte du confinement des hommes et des esprits. Quant Ă la mise en scĂšne, elle reste classique, ce qui convient bien Ă lâĂ©poque.