Le centenaire de la rĂ©habilitation du capitaine Dreyfus nous vaut une Ă©vocation chronologique minutieuse des Ă©vĂ©nements tragiques survenus entre 1870 et 1906. Lâauteur montre lâhomme innocent, lâinfĂąme dĂ©gradation, les terribles supplices du bagne, les luttes inouĂŻes pour obtenir justice, et surtout le courage, le patriotisme, la dignitĂ©, le sens de lâhonneur du condamnĂ©, le dĂ©vouement de sa femme, de ses proches. Lâhomme ignore lâhostilitĂ© des supĂ©rieurs, souffre dâĂ©puisement et de solitude. Sept chapitres racontent comment les liens entre pouvoir et armĂ©e ont empĂȘchĂ© la recherche de la vĂ©ritĂ© malgrĂ© lâimplication du colonel Picquart, de Zola, Clemenceau, JaurĂšs. Contre eux Maurras, Daudet, Drumont soulĂšvent les foules avec des arguments nĂ©onationalistes, encouragent la haine et lâantisĂ©mitisme. La France divisĂ©e se dĂ©chire et la presse est virulente. La rĂ©vĂ©lation de lâincroyable trucage prendra du temps.
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MĂȘme manichĂ©en et trop dĂ©taillĂ©, ce rĂ©cit soulĂšve Ă©motion et rĂ©volte mais il aurait Ă©tĂ© intĂ©ressant dâanalyser les raisons de ces comportements par une Ă©tude des remous sociaux et politiques. Le style efficace de lâauteur savait dĂ©jĂ nous toucher dans Le roman de SĂ©ville (NB mars 2006).