K.O.

Les notes d’un saxophone s’échappent de la cabane dans laquelle Archibald, le vagabond, vivote après avoir été expulsé de chez lui. Il y accueille le jeune Sitam qui revient vers la « grisâtre » – la banlieue – celle qu’il a fuie avec sa compagne, la Capu, lorsque la capitale était en proie aux attentats. Benji, son ami d’enfance, lui procure un emploi de serveur, mais leur cavale reprend lorsque ce dernier prépare un vol qui tourne court.  Le jeune auteur de ce premier roman, né lui-même en banlieue, évoque un milieu qu’il semble bien connaître. Une succession de fuites, depuis Paris ou Amsterdam, compose un univers qui s’effondre, tandis que les quelques personnages esquissés autour du narrateur tentent de survivre malgré la précarité ou la maladie. De jeux de mots en charades à tiroirs, un véritable goût pour la littérature et la musique se fait jour, jusqu’à atteindre une puissance salvatrice. Dans une langue hachée, mais énergique, un vocabulaire précis et imagé, la grande justesse de ton de cette épopée trouve rapidement son rythme. Des individus « détraqués », dans un monde bouleversé, en quête de la beauté : un pari ambitieux mais réussi. (J.D. et M.R.)