Des étudiants cairotes, admirateurs de Nasser mais troublés par ses dérives totalitaires, fréquentent le Karnak Café et y discutent. Ils disparaissent parfois, et réapparaissent, inculpés tantôt d’islamisme, tantôt de communisme, puis curieusement relâchés. Deux d’entre eux, quasiment fiancés, se laissent recruter comme indicateurs, à l’insu l’un de l’autre, partie par contrainte, partie par fidélité à la Révolution. Limogé en 1967 après l’humiliante défaite de la guerre des Six Jours, le policier qui a pourchassé ces jeunes vient au Karnak pour se justifier.
Dans ce roman, court mais dense, on retrouve le Prix Nobel de 1988, le chantre de la tolérance et du Caire populaire. Il fait ressortir les méfaits des convictions établies qui amènent les hommes à s’affronter cruellement, en toute bonne foi, chacun servant une cause jugée évidemment juste. Naguib Mahfouz observe également, avec acuité, les déchirements de conscience de ceux que le doute habite. Et comment rester insensible à l’ambiance chaleureuse de ce modeste bistro de quartier ?