Is, la légendaire ville engloutie au large des rivages de l’antique Celtie, revit grâce à cette interprétation de Jean-Pierre Kerloc’h, auteur né en Bretagne, habitué des récits noyés de brume et battus par les vents. L’essentiel de la légende est repris avec fidélité, sans insister sur la face sombre de Dahud, la fille du roi Gradlon. Le texte, écrit avec beaucoup de soin, utilise un vocabulaire qui fait référence au style classique et à une certaine emphase propre aux récits d’épopée et de légendes médiévales.
L’imaginaire est mis en scène dans des images d’un registre paradoxalement réaliste, sans douceur, accentuant les traits des visages des personnages, faisant ressortir la confrontation à une légende mystérieuse et dure. Les tonalités nuancées opposent la chaleur des décors intérieurs et les paysages marins tourmentés. Suggérant le vent du large omniprésent, seul le mouvement des vêtements anime des tableaux figés comme dans les images anciennes, saisissant les scènes dans leur instant le plus dramatique. Pas toujours séduisantes, elles ancrent l’histoire dans son caractère celtique et légendaire avec efficacité.