Khalat

Khalat est une jeune syrienne kurde sur le point de partir suivre des études de français à Damas. Son frère Muhsen, tout juste papa d’un petit garçon prend les rennes de la famille que leur père âgé lui cède à contrecœur, préoccupé surtout de trouver un futur mari à sa fille. La vie aurait pu poursuivre son cours si les grondements de la guerre civile n’étaient venus le perturber. Muhsen enrôlé de force dans l’armée syrienne est assassiné pour avoir refusé de tirer sur la foule. Rapidement la seule issue est celle de la fuite et de l’exil.

Khalat aurait pu être un album de plus racontant le tragique destin d’une famille syrienne condamnée à fuir la guerre civile. Cette histoire, on la connait pour avoir suivi dans la presse l’exil de millions de syriens de camps de fortune en canots déglingués pour rejoindre les iles grecques avant un exode semé d’embuches à travers l’Europe. Mais Khalat a le mérite d’incarner ce réfugié anonyme avec beaucoup de sensibilité, sans misérabilisme ni moralisme. Le propos est simple, direct, factuel et les sentiments sonnent juste. Le propos est servi par un dessin d’une grande finesse où les regards en disent parfois plus que les rares dialogues. La mise en page est originale alternant pleines pages, doubles pages, jamais plus de deux ou trois cases. Voilà une BD venue d’Italie qui méritait d’être traduite en français.