Kililana song ; 1

FLAO Benjamin

Un petit port du Kénya. Trois personnages principaux. Le jeune Naïm, gamin de onze ans débordant de vitalité. Bien plus intéressé par tout ce qui l’entoure que par l’école coranique et les coups de badine de son maitre. Il passe son temps à fuir, en des poursuites homériques, son frère qui veut l’obliger à étudier le coran. Le lecteur découvre à sa suite galopante tous les lieux et personnages marquants de son village. Le second est un blanc, trafiquant,  grande gueule mais coeur d’or, capitaine d’un bateau tombé en panne dans les eaux territoriales. Immobilisé, les autorités ne le laisseront quitter le port que contre une forte rançon. Le troisième est un vieillard qui vit à proximité de la plage près d’un arbre magnifique aux larges ramures auquel il voue un respect religieux. Cette plage est convoitée par une bande de promoteurs pour y construire un complexe touristique. Comment chasser le vieil homme ?

 

Les personnages sont en place, le noeud de l’intrigue apparaît à travers la tension croissante entre la vie de ce petit univers portuaire joyeux et insouciant, et l’apparition d’un monde puissant et égoïste personnifié par les hommes d’affaires et les touristes benêts. La joie de vivre, les superstitions, la magie auront-elles le dessus ? Le premier est un monde insouciant, sans méchanceté où la magie, les croyances surnaturelles  côtoient la religion quelque peu ridiculisée par la poursuite infinie entre les deux frères, et les divers trafics , drogue, corruption, prostitution, présentés avec une certaine légèreté et un humour enjoué. Le second s’impose en contraste par la suffisance, l’avidité et la naïveté des occidentaux. Le récit limpide est agrémenté à la perfection par une illustration dont le style en fait un véritable carnet de voyage. Grâce à un trait léger et fin qui suggère, une aquarelle en couleurs directes qui donne de la profondeur, rien ne manque au périple de rêve : les portraits proches de la caricature mais qui jamais ne ridiculisent, le village qui resplendit sous un soleil chaleureux qui n’écrase pas, la plage qui abrite le vieillard aussi chenu que son arbre sacré, la mer si limpide. Cet album, dont la fin du diptyque est attendue avec impatience, est un magnifique témoignage d’amour pour cette région de l’Afrique.