Dans ce cinquième tome de La vie poétique, Jean Rouaud (Tout paradis n’est pas perdu, NB avril 2016) propose un récit littéraire et autobiographique de ses sept années de kiosquier de 1983 à 1990, avenue de Flandre à Paris, quand s’affirme sa vocation d’écrivain. De ce « balcon sur la rue », il observe les petites gens qui parlent mieux d’eux-mêmes que ceux qui se targuent d’être des experts. Pour preuve, la superbe galerie de portraits de ceux qui ont gravité autour du kiosque, collègue, petites mains, gens du quartier, émigrés de tous horizons. Il parle avec tendresse, talent et humour, de destins cabossés et de vocations brisées. Ses autres découvertes sont d’ordre littéraire : retourner à ses propres sources et trouver sa propre voie, alors qu’il est tiraillé entre la nécessité de rendre compte du réel et son goût pour le lyrisme. Un kaléidoscope plein de sève et bien écrit qui annonçait Les champs d’honneur, prix Goncourt en 1990 (NB novembre 1990). (L.K. et L.D.)
Kiosque (La vie poétique, 5)
ROUAUD Jean