Un voyageur solitaire cède aux caprices d’une belle égoïste ; une nourrice possessive protège “son” enfant jusqu’à froidement assassiner les parents ; un retraité esseulé est obsédé par la voix mécanique d’une annonceuse de gare… Les palliatifs trouvés par chacun des personnages à sa déprime (passagère ou structurelle) sont autant de flashes mornes sur leurs réalités, et les retournements de situation pragmatiques (« coup du sourire », soudaine apparition du mari, accusation mensongère de pédophilie…) autant d’espoirs vains… Dans la lignée d’Un soir à la maison (NB décembre 2003), en une vingtaine de nouvelles, Annie Saumont, maîtresse du genre, démontre, sans sensiblerie ni développements superflus, les faire-semblants des adultes, la cruauté du quotidien le plus élémentaire et la nécessité qu’éprouvent ses personnages de composer avec la réalité. Le style allusif et familier et certains arrangements avec les règles syntaxiques classiques contribuent à mettre en valeur les traits de caractère de ses héros d’un jour et son propre… génie du raccourci.
Koman sa sécri émé ?
SAUMONT Annie