Vassili, né en 1934 en Grèce, émigre à quatre ans avec sa famille à Alger. Son père, qui écume les mers, finit par abandonner les siens, laissant au jeune garçon de neuf ans la charge de la fratrie et d’une mère gravement malade. Enfin libre, il part pour New York, puis pour Montréal où il se marie. La naissance de trois fillettes et quelques années de bonheur – week-ends mémorables et voyage en Europe – n’assagissent pas cet homme volage. Les petites vivent mal la séparation des parents. Devenu vieux et diminué, Vassili retourne chez sa femme. Après sa mort, son fantôme apparaît à sa fille aînée Erina… Avec la maîtrise qu’on lui connaît (Les derniers jours de Smokey Nelson, NB septembre 2012), la romancière québécoise, par la voix d’Erina, bouscule la chronologie avec une très grande efficacité ; les époques mélangées éclairent les temps forts de la vie de Vassili et ses rapports explosifs avec son entourage. Il en ressort le magnifique portrait d’un homme hâbleur, emberlificoteur, séducteur et profondément narcissique. Une fin apaisée et facétieuse résonne comme l’hommage post-mortem d’une fille qui fait la paix avec son père et avec elle-même. Un joli roman.
La ballade d’Ali Baba
MAVRIKAKIS Catherine