En Virginie occidentale, une mère folle tente de noyer son bébé dans une rivière gelée ; ce dernier survit mais avec la bouche déformée, d’où son nom de Gueule-Tranchée. L’enfant, recueilli par une veuve bouilleur de cru, se révèle précocement mûr, adroit et violent. Lors d’une grève de mineurs, tout juste homme, Gueule-Tranchée abat plusieurs représentants des forces de l’ordre. Recherché, il disparaît dans les bois pendant vingt-quatre ans. Il réintègre le monde civilisé grâce à la musique country et connaît une période presque rangée, comme journaliste, puis devenant chroniqueur pour la police, avant un dernier exil volontaire.
La multiplicité des personnages et des lieux déroute parfois. Le récit, qui oscille entre réalité et légende est raconté à la troisième personne par Gueule-Tranchée alors centenaire, héros excentrique, attachant mais peut-être mystificateur. Il permet à Glenn Taylor de poser une question intéressante : l’écriture trahit-elle toujours les faits ? Quoi qu’il en soit, cette saisissante fiction rend concrètement compte de la vie rude des Américains pauvres de la première moitié du XXe siècle, exploités, victimes de l’arbitraire et du racisme. Et des transformations d’après-guerre.Inspiré des romans épiques américains, ce premier livre d’un professeur de lettres a du souffle