La retraite venue, Victor, professeur de littérature, adulé par sa classe de khâgne parisienne, déménage avec ses caisses de livres à Arras, sa ville natale. Il y rencontre Marie, une ancienne danseuse étoile à la carrière brisée par un tragique accident alors qu’elle se produisait dans Le Lac des Cygnes, et qui vend maintenant de la lingerie féminine. Chacun d’eux a vécu de belles amours, jamais oubliées ; mais voici qu’entre à nouveau en scène le jeu troublant de la séduction. Dès les premières pages, l’écriture de Michelle Tourneur (Cristal noir, Livre du Mois NB mars 2015) traduit avec finesse le trouble ressenti par un intellectuel brillant, désemparé, perdu dans une ville du Nord fouettée par les rafales et les ondées. Apparaît alors la fragile et mystérieuse ballerine, réfugiée dans sa boutique d’étoffes précieuses, assoiffée de lecture. Entre ces deux solitudes, déjà marquées par une vie antérieure, s’établit un magnifique échange : la « dentelle » des mots – ceux de Proust – contre le secret des fines gazes de soie sur la peau des femmes. Des moments de charme et de beauté, la vibration des émotions, l’élégance des sentiments, tout concourt à se laisser envoûter par ce roman d’une exquise sensualité. (V.M. et M.S.-A.)
La ballerine qui rêvait de littérature
TOURNEUR Michelle