Tokyo, années quatre-vingt. Kayo appartient à un club très secret qui compte des millions de femmes. Celles que vêtements, chaussures et accessoires rendent folles jusqu’à l’obsession. Elle mène cependant la vie banale et confinée d’une jeune femme dévouée à son mari et à ses enfants. Sa frénésie d’achats débute quand sa mère lui offre pour ses vingt ans une très belle somme d’argent. Kayo ouvre alors un compte en banque à son nom en cachette de son mari et en use sans modération. Elle ne vit vraiment que lorsqu’elle dépense – exclusivement pour elle. Mais bientôt son banquier lui annonce un découvert phénoménal… À travers l’addiction d’une jeune femme au culte de l’apparence et du luxe, Radhika Jha (Des lanternes à leurs cornes attachées, NB avril 2011) dénonce une nouvelle religion, le « bonheurisme », importée par les Américains : son credo consiste à être la plus belle, la mieux habillée, jalousée et convoitée. Le recours à la première personne transforme le récit en confidence, en confession peut-être. La narratrice se montre sans fard et gagne en épaisseur alors que le sujet pouvait sembler superficiel. On finit par être en empathie avec elle, ce qui n’était pas gagné au début.
La beauté du diable
JHA Radhika