Sous Louis XV, Antoine Chastel, cadet du guérisseur respecté d’un village en Lozère, s’embarque sur un bateau qui est capturé par des corsaires. Il échoue comme esclave à Alger. Grâce sa connaissance des animaux, il se voit confier la ménagerie du dey. Mais il tue un homme et est castré. Avec une hyène qu’il a sauvée et cachée, il s’enfuit, regagne son pays natal, se réfugie dans les bois et sème la terreur. Frustré de sexe, habité par la haine et la folie, il ordonne à sa bête d’égorger ses proies humaines et se joue de ceux qui le traquent. Le père soupçonne son fils, mais ne veut pas le trahir… Spécialiste des romans historiques, Catherine Hermary-Vieille (Le Siècle de Dieu, NB mars 2013) donne corps à la légende de la Bête du Gévaudan, l’habille de la figure sauvage d’un enfant du pays que le destin détruit et pervertit. L’être humain et le fauve ne font plus qu’un, parfaite incarnation du diable selon les superstitions de l’époque. La peinture du contexte est sévère : le Roi assomme les paysans d’impôts, ses envoyés sont aussi vénaux qu’inefficaces, la vie est dure et l’hiver terrible. Un conte bien écrit, noir et envoûtant.
La bête
HERMARY-VIEILLE Catherine