Dans la poussière d’un village du Sahel, Idriss joue avec sa bille, son unique bien. Il reste absorbé, indifférent à la misère et même aux balles qui sifflent ; sa mère le soulève comme un ballot pour le mettre à l’abri. Le village brûle, l’errance commence à pied, à bord de camions surpeuplés, au-delà des barbelés jusqu’à une barque surchargée. Au soleil, aux maisons cubiques près desquelles grapillent de rares volailles succèdent la fureur, l’obscurité, la clandestinité. Le découpage serre sur le détail – le jeu, les barbelés – qui exprime la violence sans la mettre en scène. On suit la progression de la mère dans son joli boubou sous les fils de fer, masse agressive. L’émotion est là pendant qu’Idriss cramponné à sa bille ne voit qu’elle et la tient pour un porte-bonheur. Elle sera au final son premier lien avec l’enfant étranger qui partage son jeu et lui apprend le mot bille dans sa langue. La migration et le déracinement, sans pathos, à hauteur d’enfant. (R.F.)
La bille d’Idriss
GOUICHOUX René, ZAÜ