La boîte à outils

BESNIER Gérard

Renvoyé du collège, muni pour tout viatique de l’extraordinaire boîte à outils de son père, Nicolas Dédacin Amoraus veut travailler. Successivement laveur de cars (ça se passe mal), apprenti mécanicien (pas mieux), il devient formateur de stagiaires (stagiaire lui-même !) et homme à tout faire incompétent dans une association qui forme des menuisiers. Sa vie amoureuse bien mal commencée suit un chemin semé d’embûches et de déceptions…   L’auteur – c’est son premier roman – explore avec talent le burlesque, dans un style très alerte. Moderne Candide (anagramme approximative de Dédain), son héros, confronté à l’adversité (professionnelle et sentimentale), est d’une naïveté et d’une maladresse désarmantes. Plein de bonne volonté, il a aussi l’art de provoquer des catastrophes en cascades. C’est par ailleurs une satire corrosive du monde du travail et de la formation professionnelle où règnent débrouille, embrouille et petits arrangements – mais également solidarité entre ceux « d’en-bas ». L’auteur apostrophe le narrateur après chaque chapitre, feignant de trouver le récit inepte et les personnages invraisemblables et prenant à témoin une hypothétique lectrice qu’il drague vaguement et qui se dérobe. Drôle et décomplexé, souvent hilarant avec un patois normand vraiment irrésistible. (L.K. et M.-C.A.)