Janvier 2003. LĂ©lia reçoit une carte postale sur laquelle figurent seulement les prĂ©noms de ses grands-parents, de sa tante et de son oncle, morts Ă Auschwitz en 1942. Qui a envoyĂ© cette carte, plus de soixante ans aprĂšs leur disparition ? Et pourquoi ? Vingt ans plus tard, Anne dĂ©cide dâinterroger sa mĂšre sur lâhistoire de leur famille pour dĂ©couvrir qui a expĂ©diĂ© la carte.
Faisant parler chaque photo, document ou tĂ©moignage, et croisant toutes les informations disponibles, Anne Berest (GabriĂ«le, Les Notes septembre 2017), parvient Ă donner vie aux disparus et Ă nous les rendre familiers. Ainsi se dessine, sur un siĂšcle, la longue itinĂ©rance dâune famille juive russe vers Riga, la Palestine et enfin la France. Ce rĂ©cit bouleversant, riche du dialogue mĂšre-fille et qui intĂšgre de nombreuses interrogations sur le temps prĂ©sent, tĂ©moigne de la puissance de lâantisĂ©mitisme europĂ©en, de lâinsoutenable montĂ©e des violences et de la difficultĂ© de la France Ă accepter sa responsabilitĂ© dans la dĂ©portation. Il fait aussi comprendre le silence des survivants, qui ne parviennent pas Ă oublier un passĂ© trop lourd Ă partager. Il interroge enfin sur la question de lâidentitĂ© juive. LâĂ©criture sobre et juste traduit avec pudeur, au sein de ces tĂ©nĂšbres, lâintime et la tendresse familiale. Magistral. (A.-M.G. et A.Le.)