Florentine bien née – en 1837 – Virginia Oldoïni devient à dix-sept ans comtesse de Castiglione. Beauté, intelligence, richesse, elle exploite tous ces présents, devenant la reine de Paris, la favorite de Napoléon III, la messagère politique de Cavour auprès de l’Empereur et elle sait dépenser en d’extravagantes toilettes les fortunes de son mari et de ses nombreux admirateurs. Elle est aussi capricieuse, dépressive, incontrôlable ; elle lassera hommes et relations, se retirera du monde et mourra seule, anonyme, à Paris en 1899.
Virginia a fasciné bien des biographes auxquels l’auteur se réfère, citant avec minutie ses nombreuses sources, développant une facette moins connue du personnage : son intérêt pour la photographie qui débutait et qu’elle a contribué à imposer. Son ami Pierson a réalisé d’elle plus de quatre cent cinquante clichés : elle s’y met en scène et multiplie les métamorphoses pour glorifier sa séduction, à bonne distance de ses flétrissures. C’est un moyen personnel d’affronter un monde d’insatisfaction, de peindre son âme, de théâtraliser son narcissisme, de conjurer cette si horrifiante décrépitude… D’une écriture très maîtrisée nourrie de mots raffinés, savants, l’écrivain offre le portrait, sans retouche, vivant et pathétique, d’une femme incapable de quitter ses habits de courtisane dans un XIXe siècle finissant.