Destouches, alias Céline, voit le débarquement des Américains interrompre une vie tranquille. Lui, l’écrivain maudit qui pendant l’occupation a cultivé ses relations avec l’envahisseur, qui publia des pamphlets sanglants et horribles contre les Juifs, il doit fuir. Où ? Au Danemark où il a laissé sa fortune. Mais un attentat contre Hitler l’oblige à se rendre à Berlin. Là, ses amitiés teutonnes lui font rencontrer la «grosse aristokratie nazie» plongée dans les excès de fin de règne du Kaiser. Il doit ensuite rejoindre Sigmaringen pour soigner le reliquat du gouvernement de Vichy réfugié au château. Il connaît alors les dérives des pires fantasmes humains, transformés en bacchanales et en orgies permanentes… Il rentre au calme au Danemark, toujours aussi amer et rongé par la haine des autres.
Malavoy se montre un grand scénariste, n’hésitant pas à utiliser parfois les écrits de Céline. Les deux frères Brizzi aux crayons réussissent à représenter le monde déliquescent de la défaite annoncée, triste et lugubre à l’image du personnage de Céline : pessimiste, honteux et haineux. Malgré l’utilisation exclusive de crayons, ils donnent aux décors justesse et profondeur, et savent dans les caricatures de leurs personnages trouver des expressions d’une grande vérité. Un bijou. (Y.H. et P.P.)