Une nuit d’hiver, un homme jeune et fruste est victime d’un accident sur une route du Nebraska. Après un long coma, il se réveille, une note manuscrite mystérieuse posée à son chevet. Est-il encore lui-même ? Sa soeur, unique membre de sa famille, se dévoue sans compter ; elle lui apparaît pourtant comme une usurpatrice, rouage d’un grand complot dont il serait l’épicentre. Un éminent chercheur en neurologie est appelé à la rescousse.
Le roman s’interroge sur les mystères du cerveau, ouvrant des abîmes angoissants sur les notions d’identité, de normalité et de folie, avec pour toile de fond la migration des grues et la lutte pour l’eau. Lent à se mettre en place, mais passionnant à voir s’ajuster, ce récit détaillé et complexe montre à quel point la réalité est remaniée par chaque cerveau pour maintenir l’illusion d’un « moi » cohérent. Magnifiquement dépeint à travers le prisme des personnages principaux, le climat de tension, de culpabilité et d’impuissance va crescendo. De la même intensité, de la même veine que Le Temps où nous chantions (NB mai 2006), voici un livre inclassable, aussi intelligent que vertigineux. Une sorte de thriller neurologique dont le héros serait le cortex.