Charlie, banquier prospère, et son épouse Chloe ont convié dans leur luxueuse résidence, située à l’ouest de New York, un cousin désargenté Mathew, excellent cuisinier. Une invitation ambiguë : il est à la fois l’ami et le cuistot patenté. L’équilibre fragile du trio est perturbé par l’irruption d’un autre homme et par les mensonges de Chloe pour justifier ses nombreuses absences. Les relations se dégradent insidieusement. Mathew passe insensiblement du stade de spectateur à celui d’acteur. James Lasdun (Ça commence à faire mal, NB mai 2010) renouvelle le classique trio du mari, de la femme et de l’amant en introduisant le personnage, « l’ami », dont il fait le personnage principal, ambivalent, complexe, tout en névroses et en hésitations. Empêtré dans sa perplexité et son inconséquence, ce sont ses contradictions, ses flottements, ses ruminations, ses tiraillements sentimentaux qui distillent l’atmosphère particulière, équivoque et menaçante, qui plane sur la villa et sur la ville. Le malaise devient palpable, mais seule l’ironie du destin le contraint à l’action. L’épilogue est trop prévisible, cependant le lecteur retient la justesse évocatrice de ce climat douteux, épais et trouble. (J.M. et C.R.P.)
La Chambre d’ami

LASDUN James