Les Allemands déportent les Juifs. Le ghetto se vide. Confié à une jeune Ukrainienne, Hugo, onze ans, va rester de longs mois confiné dans un réduit jouxtant la chambre de Mariana, prostituée au grand coeur. Le temps s’écoule entre les réminiscences oniriques d’une enfance heureuse, l’image angoissée d’une mère absente, l’écriture et la découverte graduelle d’une maison close fort active. Dans cet endroit secret, puis dans leur errance imposée, des liens étroits se tissent entre l’enfant – qui grandit – et sa protectrice. Elle assure sa survie, lui dévoile le monde de la sensualité. Lui comprend ses faiblesses pour l’alcool, son besoin de reconnaissance, d’amour désintéressé, de dignité. Les Russes arrivent, l’union se défait dans la tragédie des règlements de compte. Une écriture sensible retrace avec précision la réalité des lieux et des faits. La rigoureuse construction de ce roman classique conduit avec efficacité au paroxysme de la tension dramatique. L’auteur de Floraison sauvage (NB décembre 2005) offre un ouvrage pudique et attachant sur le thème de la compassion au temps des pogroms nazis.
La chambre de Mariana
APPELFELD Aharon