La chance de l’écrivain

Affable compagnon, notre ami David Lodge (Des vies à écrire, NB avril 2015) ! Fils exemplaire, mari fidèle, père dévoué d’un fils handicapé, catholique pratiquant, enseignant consciencieux, gestionnaire avisé… Mais aussi hédoniste amateur de sauna ou de voyages « surclassés », à l’oeil vif et malicieux. Il poursuit et termine ici une autobiographie, allant de 1970 à 1985. De cette époque, il raconte tout ce qui a rempli ses jours : sa vie familiale, ses amis, sa carrière, ses romans successifs, les coulisses du Booker Price, les adaptations télévisées, ses affres à l’attente du verdict du public ; et même, détaillés, ses achats immobiliers !   555 pages serrées. Des centaines de noms : parents, collègues, étudiants, amis, acteurs, chroniqueurs littéraires (redoutés), personnages de ses romans. C’est beaucoup. Et pour un lecteur français, allusions, doubles sens restent parfois lettre morte. Mais le narrateur est si présent qu’on regarde vivre avec curiosité, et bientôt sympathie, cet homme talentueux. Sous nos yeux, il écrit, se réjouit, déplore, retrouve la chance qui l’accompagne, passant bientôt d’une vie provinciale universitaire au succès international. Voici une occasion rare de suivre l’élaboration d’une oeuvre littéraire notoire, racontée avec une authenticité évidente. (M.W.)