Fidelis, Allemand rescapé de la guerre de 1914, épouse Eva, la femme de son ami mort au combat. Il émigre aux États-Unis, ouvre une boucherie dans une petite ville du Dakota et fait venir Eva et son garçon. La jeune femme se révèle une personne compétente pleine d’assurance et de tact, en particulier dans l’éducation de ses quatre fils. Elle se lie d’amitié avec Delphine, compagne d’un Indien métis homosexuel, à laquelle elle transmet ses talents. Celle-ci la remplacera auprès des siens lorsqu’un cancer l’emportera.
Ce roman-fleuve, aux personnages attachants, conte avec une grande précision la vie quotidienne d’un bourg américain au moment de la dépression et plus tard pendant la guerre, avec des scènes cocasses ou dramatiques. Dans ses romans précédents, Louise Erdrich évoquait les difficultés des Américains partagés, comme elle, entre deux cultures (Cf. Bingo Palace, NB avril 1997). Cette fois, elle met l’accent sur ses origines allemandes : l’importance du chant choral et, plus tragique, l’affrontement des fils pendant la guerre des deux côtés du conflit. Un roman lent, nuancé, chaleureux, dont la richesse satisfera la curiosité de nombreux lecteurs.