Première partie : Leylan, la narratrice, bibliothécaire d’un village d’une île turque de la mer Égée, trouve dans les livres la force d’affronter l’alcoolisme de son père, les rumeurs pesantes des voisins et son propre questionnement sur le brusque départ de sa mère alors qu’elle était enfant. Un second volet relate le voyage irréel, fantastique même, qu’un fils entreprend avec sa mère afin de retrouver le pays d’origine du père et lui offrir une sépulture décente.
La difficulté d’être « à soi » et aux autres, en dépit des blessures profondes de l’enfance, est analysée avec une force singulière. Les combats intérieurs des deux personnages, renforcés par la rusticité des lieux, sont magnifiés par le lyrisme et la puissance narrative du texte. Mais la composition originale du roman, où le conte initiatique, épique, nourri de culture archaïque et entrecoupé de poèmes, succède au réalisme de la première partie, donne un rythme déconcertant et rend la lecture parfois laborieuse. D’une appréhension difficile, cette oeuvre littéraire très originale peut séduire par sa poésie et la profondeur de sa réflexion sur la construction de l’être humain.