Dès huit ans Hildegarde, comme beaucoup de cadettes nobles au XIIe siècle, est vouée à la « clôture » : ce sera le monastère bénédictin de Saint-Disibode. Elle se signale d’emblée par une sensibilité extrême, une foi ardente et des états de conscience extatique peuplés de visions. Trente ans plus tard, elle devient abbesse et une voix céleste lui enjoint d’écrire ses visions. Vite célèbre, elle commence une abondante correspondance avec des figures dominantes de l’Église – Bernard de Clairvaux, le pape Eugène III… Elle voyage beaucoup dans le nord de l’Europe et fonde son propre monastère à Bingen où elle meurt à quatre-vingt-deux ans. Dans cette biographie très subjective, Lorette Nobécourt (Grâce leur soit rendue, NB octobre 2011) privilégie presque exclusivement l’expérience visionnaire. À travers une écriture fébrile aux effets très étudiés, trop étudiés, elle entre elle-même dans une sorte de « déraison » verbale systématique censée traduire la conception singulière que la mystique allemande avait du sacré. Mais dans cette tentative, chaque mot devient un miroir que l’auteur tend à elle-même plutôt qu’à la célèbre moniale, au point de se substituer en partie à elle. Cette biographie partielle, aux accents parfois extravagants et qui manque de références bibliographiques, laisse perplexe.
La clôture des merveilles
NOBÉCOURT Lorette