Il y a longtemps, dans les Montagnes Rocheuses de l’Alaska, une magnifique et sauvage vallée était le domaine sacré que se partageaient la tribu du jeune indien Yuma et les aigles géants. Le gîte de l’aiglon orphelin Kraa, se cache derrière la grande cascade. Après que Yuma l’ait secouru, un lien puissant s’établit entre le garçon et l’animal. Pour des raisons économiques, cet espace inviolé est cependant destiné à disparaitre. Un barrage y sera construit et la vallée noyée sous un lac. Les indiens du lieu quant à eux sont éliminés froidement lors d’un massacre engendrant la vengeance impitoyable du duo: les flèches de Yuma et les serres de Kraa éliminent six des assassins. Deux autres, les violeurs de la jeune infirmière du chantier, subissent le même sort. Dans le troisième et dernier tome, celle-ci devenue médecin, se souvient du barrage en chantier, des quelques mois passés là haut dans la montagne avec les deux amis, de l’importante récompense promise prix à celui qui rapporterait la dépouille de l’oiseau et de la traque organisée. Un fusil à lunette aura-t-il finalement le dessus ? Quant à Yuma, restera-t-il aussi muet ?
Dans une ambiance de ruée vers l’or teintée de fantastique, Kraa, le rapace raisonneur et télépathe, plane au dessus d’une nature splendide en passe d’être défigurée, tandis que Yuma, accroché aux serres du roi des oiseaux, se laisse aller au rêve d’Icare. Prenant et bien construit, ce western nord américain donne à Sokal l’occasion de déployer son immense talent graphique, et de mettre en scène des personnages expressifs et mobiles dans des paysages légendaires ou des décors sordides. D’un crayonné puissant, les personnages sont affublés de trognes brutes ou de faciès harmonieux ; les dessins, nappés de brumes légères, apportent de la sérénité dans cet univers rude. Le trait ferme et nuancé est rehaussé de teintes minérales ou fumées, où les taches de sang et les vêtements rouges du héros attirent l’oeil en formant comme un fil conducteur à l’histoire. Merci l’artiste.