En plein syndrome de la page blanche, Gibraltar, scénariste un peu “looser”, traverse une mauvaise passe. Son couple se délite, les épisodiques “petits boulots” qu’il trouve le dépriment et il est hanté par l’extravagante figure d’un père disparu sans laisser d’adresse. Au volant d’un corbillard, dans une équipée rocambolesque, il revient dans les plaines de son enfance. Hors celui d’Emma, l’accueil du village quitté vingt ans plus tôt est plus que glacial, hostile. Gibraltar découvrira pourquoi l’ombre du père pèse aussi lourd sur les lieux.
Le premier roman de Christophe Ghislain brasse de façon plutôt heureuse farce, symbole, aventure, psychologie et tendresse. Le “je” représente tour à tour les trois principaux héros. Passé et présent alternent constamment. La lecture en est rendue moins fluide. L’inflation picaresque et ubuesque de situations farfelues, de personnages délirants, de rencontres explosives pourra paraître excessive aux lecteurs les plus cartésiens. Mais l’écriture, pittoresque dans les descriptions, vivante dans les dialogues, toujours flexible, parfois même inventive, retient l’intérêt.