Alors que des guerres ethniques démentielles ravagent l’ex-Yougoslavie, une « contessa » irlando-triestine, Imogène McLean de Monfalcone, et son amant russo-italien, Youri, sont au bord de la ruine. Pour se renflouer, ils ont créé en Dalmatie une compagnie de tourisme qui organise des séjours pour des masochistes fortunés, dans des camps de travail nazis reconstitués où ils savourent les pires sévices. Mais cette lucrative exploitation tourne court et nos deux amants doivent se résoudre à liquider leurs domaines et collections. Youri veut vendre une gravure signée Dürer représentant un rhinocéros. Or l’expert désigné pour authentifier cette oeuvre est un ancien amant d’Imogène et, comme elle, pensionnaire occasionnel d’une clinique psychiatrique huppée de Genève.
La plupart des personnages sont des malades mentaux, sujet habituel à Claude Delarue (Cf. Les chambres du désert, N.B. oct. 2002). Plutôt qu’à Dürer, on penserait à Bosch et à sa « Nef des fous ». Cet habile récit, qui jongle avec le vrai et le faux, est saugrenu, truculent, voire délirant, avec quelques pincées d’érotisme et de scatologie.