Un universitaire autrichien qui se rend au Canada se laisse envahir par sa phobie du voyage aérien. Il fait demi-tour à l’aéroport, rentre chez lui et tombe des nues en arrivant… Un père qui élève seul deux garçons guette l’apparition chez ses fils des symptômes de l’angoisse pathologique qui le ronge… La mère d’un jeune polyhandicapé fait appel à un escort-boy… Une directrice d’école affronte les parents d’élèves qui refusent la photo de classe commandée parce qu’un enfant très différent des leurs y figure… L’infirmière scolaire licenciée se venge…
Le trouble s’installe au fil des vingt nouvelles de Clemens J. Setz (L’amour au temps de l’enfant de Mahlstadt, Les Notes janvier 2013). Le ton ironique de la comédie noire intrigue et amuse dans les premiers textes, puis chaque histoire nous plonge plus profondément dans le désarroi, la solitude et l’anxiété de personnages et de narrateurs qui se débattent avec leurs peurs existentielles. Pas de violence, ni d’horreur, mais une empathie teintée de malaise et de légers basculements progressifs dans l’étrange, l’irrationnel, le fantastique, la folie. Et d’importants thèmes secondaires : handicap, discrimination, recours à la supercherie, fétichisme consolateur. Un recueil qui laisse surpris, admiratif, et un peu perturbé. (T.R. et A.-M.D.)