La Course du chevau-léger.

BERTRAND Jacques A.

En épigraphes, le patronage de Michaux et celui d’un McArlan (imaginaire ?) suggèrent que l’ouvrage s’adresse à des lecteurs choisis qui fréquentent là un auteur rare. Rappelez-moi votre nom (NB janvier 2005) relevait du même esprit. Ici le héros de cette romanesque histoire, mortellement malade, recherche une jeune femme à partir d’un cliché vieux de dix ans. Annecy, Genève ; Paris et un hôpital psychiatrique ; Lisbonne et un groupe de rock ; la Thaïlande enfin… Partout, par des réseaux mystérieux, il remonte la piste. Elle apparaît belle, passionnée, instable et généreuse, elle est sa fille, apprend-on, entraperçue aux hasards de leurs parcours mutuels. Maintenant, elle travaille dans une association humanitaire, en jungle thaïlandaise ; il la rejoint enfin, après une saga aventureuse. Il peut mourir.  Snobs, le raffinement, l’aisance cosmopolite du héros, ses “bonnes” références littéraires et ses vêtements trop soigneusement choisis ? Sans s’impliquer nulle part, il observe cependant avec une pertinence désabusée, commente avec un détachement qui reste compatissant ; et le style musical semble couler de source. Cette élégance (presque !) stendhalienne accompagne d’une douceur triste les remous trop humains de vies hasardeuses.