Au cours de sa carrière diplomatique, Paul Claudel a été ambassadeur à Washington de 1927 à 1933, donc au début de la crise mondiale initiée en octobre 1929. Il adressait régulièrement des télégrammes à sa hiérarchie sur la situation économique des États-Unis. Bien que soulignant son « insuffisance technique » et sa « faible connaissance des questions financières », mais aidé par son attaché Emmanuel Monick, il portait des jugements qui permettent une comparaison, à quatre-vingts ans d’écart, entre les deux récessions aux mêmes origines géographiques : « Jeudi noir » et crise des « subprimes ». Malgré sa fascination pour une prospérité insolente, Paul Claudel pointait quelques fragilités : emploi, agriculture, marine marchande, crédits spéculatifs… Une fois la conjoncture déprimée, il s’est révélé sévère à l’égard des politiques sans imagination et des lobbys corporatistes. Peut-on tirer des enseignements des dépêches documentées de l’illustre ambassadeur ? Malgré la remarque de Renaud Fabre dans sa préface – « par construction, la crise vient par surprise » –, il faut souligner l’intérêt et la pérennité d’observations pas toujours empreintes de suavité diplomatique mais rédigées avec élégance.
La Crise : Amérique 1927-1932 : Correspondance diplomatique
CLAUDEL Paul