Un enfant, pas encore vraiment adolescent, solitaire, réfugié au fond de la campagne française : il ne fait pas bon être juif sous le régime du maréchal Pétain. De foyer d’accueil en pensionnat, et de refuge en cavale, Simon, amoureux de sa liberté et de la nature au point de savoir parler aux oiseaux, atterrit chez un résistant compatissant. Un geste de bravade fougueux, inconsidéré, le jette dans un fourgon, destination le camp de concentration. Là-bas, il reconnaît à peine un ancien copain de pension, Tonino, arrêté et déporté avant lui. Pour sauver Simon d’une mort certaine, Tonino a une idée : le faire accepter par le Lagerführer, possesseur d’une énorme volière d’oiseaux de proie, pour que l’enfant soigne ses précieux rapaces…
Les deux tomes sont indissociables, le premier s’achevant sur un réel suspense. L’engrenage de la persécution et de la Shoah est décrit dans toute sa vérité, sans s’appesantir. Beaucoup d’émotion, de regards expressifs, des tonalités sourdes – ocres, bleus et gris – en phase avec l’hiver, le froid et l’univers concentrationnaire ; les angles de vue choisis soulignent un caractère, une attitude, un geste important, sans oublier une subtile touche de fantastique qui renforce l’humanité du héros. Les visages, taillés à la serpe, traduisent la haine, la violence, la peur, mais aussi la compassion, l’amitié, l’affection même, à travers les barbelés, de Simon pour la petite Ada. Tous deux survivront. Un magnifique travail.