Quand ils vont rendre visite à leur grand-mère à l’hôpital, le frère et la soeur sont fascinés par la voix qui annonce les services à chaque étage. Eux vont jusqu’au 6e, gériatrie. La nuit, en revanche, pas d’annonce, pourquoi? Leur père répond : à cette heure, la dame de l’ascenseur dort. Alors le frère et la soeur imaginent l’origine et la vie de cette mystérieuse dame, ancienne princesse russe, décident-ils; et celles de son collègue, l’homme de l’ascenseur, jeune sultan arabe. Leurs rêveries les préservent du drame en train de se dérouler : mamie meurt.
De format haut et allongé, comme un ascenseur, le livre juxtapose dans ses images les histoires inventées et la réalité. L’utilisation très libre de la page, qui varie sans cesse, nécessite une attention soutenue à l’image afin d’en saisir toutes les informations. Alternant visages réalistes et cartoon, le style graphique est original, au crayon noir, souligné de jaune, rouge et vert surtout dans les parties imaginées. Il y a beaucoup de sensibilité et de subtilité dans cette façon qu’ont les enfants de partir dans des rêveries où ils remettent la vie en marche, mariant les voix de l’ascenseur, se projetant dans l’avenir, imaginant mamie au ciel, ou, pourquoi pas, en dame de l’ascenseur à son tour.