Else danse pour neutraliser le monstre qui la hante depuis l’enfance. Elle a cinq ans lorsque son père meurt sous ses yeux, fauché par une voiture à Düsseldorf. Martyrisée par sa mère, elle est sauvée de la catatonie par sa grand-mère qui l’emmène à Paris et l’initie à la danse. Après l’Opéra Garnier et quelques années en Allemagne chez Pina Bausch, Else est la danseuse phare de La Compagnie des Kachinas, spécialisée dans les danses chamaniques à visées thérapeutiques. Son corps se déploie et sa conscience, peu à peu, la libère de la culpabilité. Mais elle a le pressentiment d’être surveillée et que sa vie lui échappe. Karine Henry reprend les thèmes de la reconstruction et de la folie évoqués dans La Désoeuvre (NB février2008) et sonde ici la danse analytique et la philosophie du mouvement. De sa plume vibrante, elle communique sa passion pour la danse qu’elle revisite à travers le parcours artistique de son héroïne. Le rythme intense, souligné par des allers-retours dans le temps, déstabilise parfois, envoûte souvent. L’auteur transmet, par la description des répétitions chorégraphiques de plus en plus fortes, cette impression fascinante de participer à l’angoisse de l’héroïne isolée dans sa propre nuit. (L.C. et B.Bo.)
La Danse sorcière
HENRY Karine