La défaite en chantant

La gauche socialiste française ne va pas bien, tel est le message qu’entend délivrer Claude Allègre, scientifique, ex-ministre du gouvernement Jospin. Personnalité forte en gueule, il ne mâche pas ses mots, sans jamais être injurieux, mais n’hésitant pas à parler ad nominem. Ayant la forme d’une interview, ses propos sont particulièrement vivants. Au-delà des péripéties entre leaders socialistes se disputant la candidature pour l’élection présidentielle, qui amuseront, intéresseront ou passionneront les amateurs de combat politique, Claude Allègre dénonce l’immobilisme socialiste des cinq dernières années. Il invite le PS, à l’instar de ce qu’a fait récemment Nicolas Sarkozy ou de ce que fit en son temps François Mitterrand, à mener une réflexion en profondeur sur son programme en prenant en compte le monde tel qu’il est. S’il conserve la fibre socialiste, il reste inquiet : le PS ne risque t-il-pas d’adopter bientôt les fondamentaux de la social-démocratie européenne au moment même où ceux-ci, sous les coups de butoir de la mondialisation, sont sans doute à repenser ? Un témoignage tonique et non conformiste.