Un écrivain israélien accepte de répondre à une interview sur Internet à propos de ses livres, ses motivations et sa façon d’écrire. L’exercice lui permet de raconter sa vie, ses amours, ses ennuis. Son couple va mal, sa fille aînée ne lui parle plus et a décidé de partir en internat, son meilleur ami se meurt d’un cancer. Répondre aux questions banales des internautes l’aidera peut-être à ne pas succomber à la dysthymie – dépression légère – qui l’envahit de plus en plus et aux tentations qui l’accompagnent.
Tous les thèmes d’Eshkol Nevo (Trois étages, Les Notes septembre 2018) sont là : la politique, l’avènement du populisme, la colonisation des territoires palestiniens, l’amour, l’amitié, l’adultère, la maladie, la mort, le mal qui pousse à exclure et détruire autrui, la vérité et le mensonge, la sincérité presque impossible pour un écrivain. Car cette vraie/fausse autofiction fleuve est construite sur des flash-back, des anecdotes, des digressions sur sa vie. On rit, on pleure, bref ce quotidien et cette introspection révèlent la vérité profonde d’un homme, d’une époque et d’un pays. Bien mené, avec finesse et parfois avec humour, ce mensonge est presque parfait. (V.A. et Maje)