Après avoir lutté contre la puissance ottomane, Abd el-Kader s’illustre surtout par sa valeureuse résistance aux conquérants français. Nommé émir pas ses alliés, il réussit à fédérer les tribus rivales et poursuit sa lutte malgré la prise de sa célèbre Smala par le duc d’Aumale. En 1847, il se rend, contre la promesse de rejoindre Alexandrie, mais il est emprisonné, notamment à Amboise. Libéré par Napoléon III, il choisit l’exil à Damas où il devient un théologien célèbre et le protecteur des chrétiens syriens. La dernière nuit qu’Abd el-kader passa en Algérie à Noël 1847 sert de point d’ancrage à ce récit qui n’est ni biographique ni chronologique. L’auteur dépeint le héros aussi bien en chef de guerre qu’en intellectuel mystique. L’insistance sur la cruauté et la trahison des Français rappelle les relents anticolonialistes de Zorah sur la terrasse (NB octobre 2010), mais une bonne documentation, un style épique et une belle prose poétique servent la mémoire de cet homme, devenu héros national, reconnu par tous pour sa tolérance et sa culture. Faisant de lui le fondateur d’une « nation » algérienne divisée, l’auteur en présente une vision émouvante et tragique.
La dernière nuit de l’Émir
DJEMAÏ Abdelkader