La dissonante

ROSSI Clément

Monter Wagner dans un petit théâtre est une gageure et Tristan le sait. Chef d’orchestre respecté, il est un peu aigri et ce ne sont pas les incidents émaillant les répétitions et les brusques dysharmonies qu’il perçoit au niveau des instruments et des voix qui vont y remédier. Son oreille se serait-elle désaccordée ? Tout lui devient hostile, il perd pied… 

Musicien de jazz autant qu’homme de littérature, Clément Rossi suit son maestro de la lumière de la scène à l’intimité de son oreille interne. Il plante un envers du décor instructif sur les rapports du maestro avec son orchestre et ses solistes, chaque sensation est interprétée en sons par un chef isolé dans sa bulle musicale. De l’enfance au chaos, de la prédiction d’une mère à la réalité de la fosse, l’écrivain applique à son personnage l’atonalité du Tristan de Wagner où se déploient des harmoniques dissonantes. Plein d’empathie dans son écoute de la détresse et du doute chez un homme qui a voué sa vie à la musique, l’auteur signe un premier roman dont il maîtrise accords et désaccords. (Maje et M.-N.P.)