D’abord chat d’un maître soufi, il devient le compagnon d’un chanteur enchanteur, compositeur et poète engagé, un virtuose du jazz nommé Sammy Williams. De sa naissance à Chicago à son lit d’hôpital, Paris le chat conte sa trajectoire et ses abîmes, qu’il commente à l’envi. Poète subversif, pionnier du rap et du hip-hop, le héraut mélancolique n’est autre que Gil Scott-Heron, dont l’auteur de Passage des larmes (NB octobre 2009) s’empare en modifiant le nom. Le cheminement est à rebours et mène de la vie militante et tumultueuse du chanteur à son père jamaïcain, star adulée du football, qui construit sa légende sur le gazon écossais en délaissant son fils. Le matou ingénieux allie à celle de son compagnon sa biographie féline, vilipende les médias, défend la réputation de cet Afro-américain qui cherche dans ses textes l’écho de la réalité noire, dont les racines plongent dans l’esclavage. Proche de l’intime, le récit est alerte et l’écriture est belle, riche d’une langue imagée et d’un vocabulaire choisi. Le rythme fluide des années d’apprentissage devient confus lorsqu’il touche aux tournées et aux amis musiciens, rendant le texte parfois trop décousu.
La Divine Chanson
WABERI Abdourahman A.