La drôle de vie de Bibow Bradley

CENDRES Axl

Bibow, alias Robert Bradley, vit dans un « trou » perdu de l’Illinois. De son propre aveu : il a « une vie et une famille de m…. ». L’hérédité familiale a toutes chances de faire de lui un « tocard », ignare et « poivrot ». En 1965 les États-Unis entrent en conflit avec le Vietnam, il a 18 ans, « trop débile pour être réformé grâce aux études, trop pauvre pour l‘être grâce à l’argent de papa ». Du camp d’entraînement à l’enfer des patrouilles et des embuscades, Bibow endure tout sans aucune peur. Pire, une forme d’ivresse s’empare de lui. Jusqu’où va-t-il (pouvoir) aller ?

La « crasse de l’Amérique », ainsi est qualifiée cette génération de jeunes Américains partis sans conviction se faire tuer dans un conflit sans nom ni sens. À peine préparés, ils connaissent le pire de la guerre et de ceux qui la font. La particularité absurde de Bibow – il ignore la peur – est un prétexte original pour révéler quelques dessous du conflit. L’armée, les hippies, la CIA et ses méthodes – manipulation, infiltrations, opération de nettoyage – sont à peine maquillés et il y a de quoi frémir : tout relève-t-il de la fiction ? Écrit avec une froide ironie, le texte déroule d’abord des faits comme un registre puis enchaîne une série d’évènements propices à la réflexion. La verve du personnage narrateur, son sens du grotesque et son apparente imperméabilité à toute émotion autorisent et renforcent la dénonciation de ce parent de Mash.