Philippe est le deuxième enfant de Guy, issu d’une famille industrielle de la Clusaz, et de Mary Anne, orpheline impressionnable. Ils vivent dans un village d’une sombre vallée alpine. Affligé de disgrâces physiques, le garçon est, par défense, masochiste, cancre et pyromane. Mais ses problèmes passent au second plan quand le couple parental se délite. La père, infidèle, cynique, toujours en partance, est absent, même le jour de ses obsèques puisque son corps n’a pu être rapatrié de Madagascar où il a disparu. Le fils, devenu dessinateur à Paris, se souvient.
Roman écrit à la première personne, certainement autobiographique, La Fabrique de souvenirs porte le nom symbolique et dérisoire de l’entreprise familiale, renvoie le fils à l’origine de son mal-être plus ou moins conscient. Pour grandir, il faut accepter la part d’ombre ou de folie de son géniteur, enseignement à portée universelle. Bien que les personnages restent flous, comme s’ils étaient absents d’eux-mêmes, ce récit attachant est empreint d’émotion et d’autodérision.