La fantasia

CHAVANETTE Loris

Montpellier, il y a une vingtaine d’années. Antoine, étudiant en droit, est au chevet de sa grand-mère, Mariane, née à Mostaganem en 1927. Elle égrène pour son petit-fils des souvenirs qu’elle a tus jusqu’alors. Le garçon découvre, étonné, la personnalité de celle qu’il n’a connue que seule, effacée et austère. Arrivée au bout de sa vie, elle lui livre le secret qui la ronge depuis l’été 1953, et une fantasia mortelle à Tlemcen.  

Dans une note à la fin de ce premier roman, Loris Chavanette demande à ses proches de ne pas lui en vouloir de « réveiller un passé mal englouti ». Plutôt que la biographie de son aïeule, il choisit la fiction pour illustrer le drame de plusieurs générations marquées durablement par l’exil et la perte, matérielle et affective, de leurs racines. Mais en historien de formation, il restitue à la vie de Mariane un cadre d’une grande précision : installation des colons, débarquement américain, Libération, montée des tensions et insurrection algérienne, départ et difficultés du retour en métropole. L’auteur, parfois emporté par un goût pour l’orientalisme, est paradoxalement souvent trop sage : son écriture classique bride l’émotion qui devrait naître de l’histoire d’un amour impossible.  (T.R. et A.-M.D.)